Après la cigarette, la cocaïne et autres substances, la chicha est devenue chose courante et consommable par tout âge aux yeux et aux vues de tous. La chicha ou le narguilé, présente dans presque tous les bars, boites de nuit de Cotonou et même dans les soirées privées, est de plus en plus prisée par les jeunes. De même avec une apparence moins dangereuse que les autres corolaires du tabac et avec une odeur sensationnelle, elle présente selon tous, moins de risques. Mais, contrairement à la conception populaire, sa consommation n’est pas sans conséquences. Son inhalation est susceptible de causer plusieurs dommages, que ce soit dans l’organisme que dans la société. Certaines lois en République du Bénin réglementent le sujet.
La chicha, narguilé ou encore hooka est une pipe à eau formée d’un fourneau où est saupoudrée la cocaïne ou bien d’autres substances du même acabit. Elle dispose d’un long tuyau pneumatique flexible, qui traverse un vase rempli d’eau parfumée puis alimente un scaphandrier en air. Elle existe en plusieurs modèles. Ils sont généralement liés aux origines des nombreux pays qui fument depuis longtemps le narguilé. Sa gamme de prix est très étendue et donc accessible à tous. Elle est fonction des matériaux utilisés, du travail de réalisation, de la beauté, de la qualité finale du fumage et de la taille de l’objet. Dans les bars et boîtes de nuit de Cotonou, son prix varie entre 1000f Cfa et 25.000f Cfa. Pour fumer la pipe à eau, il est également question de saveur et de goût. En effet, les différentes saveurs chiquées par les férus de ce dispositif sont entre autres le parfum pêche, myrtille, melon, fraise, cerise. La chicha est la nouvelle forme de tabagisme autour duquel on allie une certaine élégance.
La chicha pour quel plaisir ?
Originaire de la culture arabo-musulmane, elle a été introduite au Bénin depuis quelques années. La Chicha devient de plus en plus demandée par les jeunes béninois, un pic de popularité qui se gagne à petit feu. Il suffit juste d’effectuer un tour dans les boîtes de nuit, les buvettes, les plages, les boutiques libanaises et autres pour s’en convaincre. Des jeunes filles, des jeunes hommes, des personnes d’âges mûrs et même des vieux, très friands de ce dispositif s’y attroupent sans craindre les dérivés en se le passant à tour de rôle. Face à l’affluence juvénile qu’elle draine à sa suite, il est préférable de s’interroger sur les éventuelles raisons. Pour William, gérant d’un bar, le plaisir que procure la cigarette devient insuffisant donc ses clients préfèrent la chicha à cause de la forte densité de fumée qui s’en dégage. Il confit que dans son bar, ce sont plus les jeunes qui s’adonnent à cette pratique. Quant à Armel, vendeur de chicha dans un bar de la place, la chicha est la distraction préférée des jeunes du moment. « Parfois nous recevons jusqu’à dix jeunes autour d’une même table qui viennent juste pour fumer la chicha » a-t-il confié. Il poursuit en disant que cette pratique est plus saine pour eux et surtout ne leur procure pas une mauvaise haleine comme la cigarette et d’autres dérivées du tabac. La chicha, ce produit tant réclamé par les jeunes coûte seulement entre 1000f Cfa et 2500f Cfa dans son bar. Un coût qui permet l’accès à toutes les bourses. Pour Marcos, fumeur, ce produit lui permet de déstresser. De plus, avec ses camarades d’école, le narguilé leur permet de tuer le temps pendant les heures creuses, nous a-t-il confié. « Mon père a une bouteille de chicha à la maison qu’il fume chaque fois qu’il rentre du boulot. Si c’était nuisible je ne crois pas qu’il le ferait en famille » a lancé Edouard. Il martèle que, dès qu’il arrive à faire des économies, il se rend dans un bar pour y prendre du plaisir. D’un plaisir quelconque recherché ou d’un exemple parental suivi, pour d’autres adeptes de cette pratique, la chicha détient des propriétés aphrodisiaques. Habib ne nous l’a pas caché quand on lui a tendu la perche. « La chicha, vraiment avec tout ce que les gens disent, moi je n’y crois pas hein. Elle me permet de bien assurer au lit. Elle me révèle en quelque sorte à ma femme. Je pense même à l’avoir à la maison pour éviter les dépenses ». Face aux témoignages que nous avons reçus des uns et des autres, nous pouvons bien remarquer ce qui motive l’engouement des jeunes face à ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur.
Et pourtant des effets néfastes…
La chicha, c’est la nouvelle forme de tabagisme, c’est le tabagisme des temps modernes. Les conséquences de ce mode de vie sont superposables aux conséquences que l’on peut obtenir en fumant la cigarette directement. A cela, on pourrait même ajouter les autres conséquences qui sont liées à ce mode de tabagisme parce que la fumée inhalée de la chicha est mélangée à une vapeur d’eau qui peuvent aussi avoir des conséquences sur le système respiratoire. Selon Docteur Gildas Agodokpessi , professeur de pneumologie à la faculté des sciences de la santé (Fss), les effets néfastes de ce mode de vie sont alors d’ordre général et varient aussi d’un sexe à un autre. Les premières conséquences liées à l’inhalation de la chicha, selon notre pneumologue, sont entre autres l’exposition aux différents types de cancers et autres. Nous pouvons citer: le cancer de la gorge, le cancer de la langue, le cancer du larynx, le cancer de la trachet, le cancer des poumons, et même le cancer de sang. Il y a également d’autres conséquences qui ne sont pas aussi caractéristiques que le cancer mais qui vont pourrir la qualité de vie du fumeur (la bronchite chronique). Il poursuit en disant que la fumée de la chicha peut être nuisible pour les yeux. « Le sujet est exposé à un risque plus élevé de contracter une cataracte et un risque de cari-dentaire » a-t-il affirmé. Le système immunitaire du fumeur devient de moins en moins résistant que celui d’un homme normal, ce qui accroît le risque des infections respiratoires, de la peau et autres. Le pneumologue pense en suite que la chicha a des conséquences sur la virilité d’un homme. Il produit ensuite des spermatozoïdes de faible qualité et qui donne naissance par la suite à une descendance pas très commode, ce qui fera perpétuer le cycle. Aussi, une femme qui fume voit-elle apparaitre sur son visage, des rides de façon précoce. Une situation qui favorise un vieillissement avant l’âge du sujet. Les femmes qui fument la chicha ont particulièrement des cheveux cassants et plus sensibles aux infections vaginales. Il ajoute en disant que les cellules germinales chez la femme feront qu’elle produira des ovocytes de mauvaise qualité. « Le drame chez la femme quand elle a un enfant, est qu’elle lui fait subir les conséquences de cette exposition à la fumée » a-t-il martelé. Les arômes utilisées pour la chicha sont selon Docteur Gildas Agodokpessi, nuisibles, car ce qui doit rentrer naturellement dans les poumons, c’est l’air et non la vapeur d’eau, ni la fumée aromatisée tels dans la consommation de la chicha.
La chicha, contrairement aux idées reçues à Cotonou, est donc fortement nuisible pour la santé. Derrière son aspect parfumé et agréable, il y a également un fort risque d’addiction. Il faudrait donc se responsabiliser quant à sa consommation.
Ce qu’en disent les textes en république du Bénin
Il est aisé de remarquer la forte présence des jeunes dans les milieux où est chiquée la chicha. En république du Bénin, selon la loi n’2006-12 du 7 Août 2006, portant réglementation de la production, de la commercialisation et de la consommation des cigarettes et autres produits du tabac, il est interdit de promouvoir du tabac et ses dérivés auprès des jeunes. Des conséquences lourdes peuvent s’y dégager. Selon l’article 25 de cette loi, toute personne qui vend, offre à la vente ou autorise la vente de la cigarette et autres produits du tabac à un jeune est passible d’une amende de 100.000f à 1.000.000f.Cfa.
Vu ces dispositions prises par l’Etat, il faille alors demander aux distributeurs de ses acabits, d’être prudents et si possible demander au fumeur, leur pièce d’identité pour ne pas subir ses sanctions prévues par la loi.
Thérèse Wohndéna GNITONA